Middle East Watch

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La revue de presse alternative pour un Moyen Orient libre

© تموز (يوليو) 2022


Editions La Découverte

Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine

Extrait - Définition du lobby

mardi 14 صفر 1430, par John Mearsheimer, Stephen Walt

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« Lobby pro-israélien » est une expression commode qui permet de désigner un ensemble d’individus et d’organisations qui travaillent activement à l’orientation de la politique étrangère américaine dans un sens pro-israélien. Le lobby n’est pas pour autant un seul mouvement unifié doté d’une direction centrale, et les individus et les groupes qui le composent ont parfois des désaccords entre eux sur certaines questions politiques. … En 1981, le chercheur en sciences politiques Robert H. Trice disait du lobby pro-israélien qu’il était « constitué d’au moins soixante-quinze organisations distinctes – juives pour la plupart – qui soutiennent activement la majeure partie des actions et des prises de position du gouvernement israélien ». Les activités de ces groupes et des ces individus vont au-delà du simple vote pour des candidats pro-israéliens et incluent l’envoi de lettres aux hommes politiques et aux médias, des contributions financières aux candidats pro-israéliens, et le soutien actif à une ou plusieurs organisations pro-israéliennes qui les tiennent directement informés de leur projets. …
De toutes les organisations juives qui placent la politique étrangère au cœur de leurs préoccupations, l’AIPAC est de loin la plus importante et la plus connue. En 1997, lorsque le magazine Fortune a demandé aux membres du congrès et à leur personnel de recenser les lobbies les plus puissants de Washington, l’AIPAC arrivait en deuxième position derrière l’AARP mais devant les lobbies de poids comme la confédération syndicale AFL-CIO et la NRA. …
Par exemple, si Woodrow Wilson a apporté son soutien à la Déclaration Balfour en 1917, c’est en grande partie grâce à l’influence de ses amis juifs, le juge à la Cour suprême Louis D. Brandeis et le rabbin Stephen Wise. De la même façon, la décision prise par Harry S. Truman de soutenir la création d’Israël et de reconnaître le nouvel Etat a été influencée par l’intercession d’amis et de conseillers juifs. …
Selon J. J. Goldberg, rédacteur en chef de la revue juive américaine Forward, l’influence sioniste a connu « une croissance exponentielle sous les administrations Kennedy et Johnson parce que l’affluence et l’influence des Juifs dans la société américaine avaient augmenté » mais aussi parce que Kennedy et Johnson « comptaient beaucoup de juifs parmi leurs conseillers, donateurs et amis proches ». …
Avec tous ces efforts, on s’est aperçu que le soutien à Israël engendrait des coûts considérables pour les Etats-Unis et qu’il fallait donc les justifier dans la sphère politique. … Sous l’égide d’Amitay et de son successeur Tom Dine, l’AIPAC est devenu une grosse organisation dotée de 150 salariés et d’un budget annuel qui est passé de quelques 300 000 dollars en 1973 à environ 40 ou 60 millions de dollars à l’heure actuelle. …
Malgré certaines divisions, la majorité des groupes organisés de la communauté juive – et surtout les plus grands et les plus riches – continuent à encourager l’indéfectible soutien américain à Israël quelles que soient les mesures adoptées par l’Etat hébreu. …
Les exemples ne manquent pas de la capacité d’Israël à rallier un lare soutien aux Etats-Unis. Dès 1947, les responsables sionistes ont encouragé les dirigeants juifs américains à faire campagne pour le plan de partage de l’ONU puis pour la reconnaissance américaine en 1948, et à faire pression contre le plan de paix proposé par le médiateur de l’ONU Folke Berbadotte en 1948. Des efforts coordonnés de ce genre ont également permis de convaincre l’administration Truman d’augmenter considérablement l’aide économique à Israël en 1952. …
Malgré les désaccords entre le gouvernement israélien et certains groupes de la communauté juive américaine, cette dernière « accepte en général le principe selon lequel Israël ne devrait essuyer aucune critique publique sur les questions de sécurité. … Selon des sondages récents, environ deux tiers des Juifs américains interrogés sont d’accord avec le fait que, « en dépit de leur opinion personnelle sur les négociations de paix avec les Arabes, les Juifs américains devraient soutenir la politique du gouvernement élu d’Israël ». …
Edgar Bronfman Sr. Président du Congrès juif mondial pendant les années 90, a été accusé de « perfidie » après avoir envoyé une lettre au président Bush l’exhortant à faire pression sur Israël pour qu’il mette un frein à la construction de la très controversée « barrière de sécurité ».


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