Middle East Watch

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La revue de presse alternative pour un Moyen Orient libre

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Notes sur l’occupation

More land, less Arabs

Extrait

samedi 5 جمادى الآخرة 1430, par Eric Hazan

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A.H. dirige à Hébron le bureau du Land Defense Committee, une ONG fondée pour conseiller et aider ceux dont on démolit les maisons et confisque les terres. Elle comprend seize membres en Cisjordanie, tous bénévoles.
"Quand les gens reçoivent de l’armée un ordre de démolition - le plu ssouvent pour avoir construit “sans permis” - ils ont une semaine pour faire appel devant un tribunal à Ramallah (Rejection Military Committee). Si l’appel est rejeté, cas le plus fréquent, ils peuvent encore faire appel devant la Cour suprême israélienne. Nous les aidons dans ces démarches. Quand on dit “sans permis”, il faut se souvenir que depuis dix-neuf ans, aucun permis de construire n’a été délivré aux Palestiniens, ce qui est façon de limiter la croissance naturelle du peuple.
A l’est de Hébron et de Kiriat Arba, les Israéliens ont confisqué en 1996 une vaste zone (5000 hectares) et en 1998, ils ont expulsés 98 familles qui vivaient là depuis très longtemps, dans des grottes - des éleveurs de moutons. Ils les ont chassés au sud de Hébron, en plein hiver, dans la neige. Nous les avons aidés et nous sommes allés devant la Cour suprême. En 2002, la Cour a ordonné qu’on les laisse revenir sur leurs terres. Actuellement, l’armée veut les chasser pour la deuxième fois, alors que ces gens ont des documents datant de l’époque ottomane pour montrer que la terre est bien à eux. On est en train de transformer la zone en champ de tir d’artillerie, avec des cibles sur le sommet des collines. Et un peu plus au sud, on a installé une décharge de produits radioactifs.
Au nord de Kiriat Arba, il y aune autre grande colonie qui s’appelle Kharsina. Il est prévu de les réunir par un mur commun, ce qui va isoler quelques 100 familles palestiniennes qui vivent entre les deux. Leurs terres seront confisquées et les ge,s ne pourront plus entrer ni sortir sans permis.
Le mur principal va progresser en entourant la Cisjordanie au sud puis à l’est. Toute la vallée du Jourdain restera du côté israélien. Quand le plan Olmert sera terminé, la Cisjordanie era divisée en quinze unités territoriales. Il y aura d’une part six groupes de colonies israéliennes :
 la vallée du Jourdain,
 le bloc d’Ariel qui absorber les colonies de la région de Kalkilyia / Tumkarem,
 le groupe des colonies du nord de Jérusalem,
 Maale Adoumim, extension de Jérusalem vers l’est, qui divise la Cisjordanie en deux,
 le bloc de Goush Etzion, qui fera lui aussi partie du Grand Jérusalem,
 l’ensemble formé par la vieille ville de Hébron et les colonies de Kiriat Arba et Kharsina, réunies par leur mur commun. iL est prévu de construire deux routes-barrières, l’une entre la colline de Tel Rumeida et la mosquée d’Abraham, l’autre entre la mosquée et Kiriat Arba.
 A ces six groupes principaux il faut ajouter un certain nombre de colonies isolées qui vont être reliées entre elles : dans notre région par exemple, une route barrière comme celles qui quadrillent la région de Kalkilyia va joindre les petites colonies qui se trouvent alignées sur un trajet est-ouest au sud de Hébron. Elle isolera totalement l’extrême sud de la Cisjordanie, coincé entre la route et le mur de séparation avec Israël. La dispersion de ce type de colonies n’est pas le fait du hasard : elles sont placées à des endroits où elles permettent de contrôler le terrain.
 Il y aura d’autre part huit centres de population palestinienne, sans continuité territoriale, reliés par un ensemble de routes secondaires et de tunnels (il en existe déjà dix-huit en Cisjordanie, dont cinq dans la région d’Hébron), entièrement contrôlé par les Israéliens grâce à des murs, des portes dans les murs, des “terminaux” et des checkpoints. On pourra toujours appeler ça “Etat palestinien”.

Dans les arguments du pouvoir israélien pour légitimer la "barrière de séparation", il y a différents niveaux de crédibilité. Que le mur ne soit pas construit pour des raisons de sécurité est une évidence : celle ou celui qui veut vraiment passer au péril de sa vie peut le faire (en Cisjordanie du moins. Dans la bande de Gaza, il en va autrement). Que le tracé soit étudié pour accaparer le maximum de terre palestinienne est manifeste sur n’importe quelle carte - preuve à contrario : les Israéliens n’en publient aucune. En revanche, le rôle du mur pour concrétiser le programme de la "gauche" israélienne - "Eux chez eux et nous chez nous" - peut paraître un argument convaincant. Or, c’est un leurre total. Il ne faut pas penser "mur", il faut penser un ensemble mur + colonies + zones interdites + zones militaires fermées + checkpoints si bien que de l’autre côté, il n’y a pas, il ne peut pas y avoir de "chez eux". Naplouse et Hébron sont à distance du mur, ce qui ne les empêche pas d’être parfaitement cernées et contrôlées.
UN programme "Eux chez eux" impliquerait de démanteler toutes les colonies. "Annexer les blocs de colonies les plus proches d’Israël", c’est annexer l’essentiel de la Cisjordanie et rendre le reste invivable. Or, quand on voit les blocs impressionnants de ces colonies dont beaucoup sont de véritables villes, les infrastructures qui les entourent, la systématisation de leurs emplacements, il est difficile de penser que les Israéliens les abandonneront un jour de leur plein gré. Le pouvoir israélien actuel a "renoncé au Grand Israël" : à un but irréalisable il a substitué un objectif qui porte un nom différent mais qui revient au même - avec l’avantage d’être plus facilement accepté par l’opinion internationale".

Le mot de mur est trompeur, on l’a vu. Le mot d’occupation l’est également. C’est annexion qu’il faut dire.


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