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Le Monde
vendredi 21 رمضان 1430, par
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C’est un chemin escarpé et incertain qu’a décidé d’emprunter le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Faisant fi du concert de protestations internationales entraîné par l’annonce d’une relance de la colonisation, il vient de donner son feu vert à la construction de 455 nouveaux logements en Cisjordanie, tout en s’efforçant de négocier un accord - encore hypothétique - avec Washington sur un gel de la colonisation juive dans les territoires palestiniens occupés.
Le ministre de la défense, Ehoud Barak, a confirmé, lundi 7 septembre, que ces habitations seront réparties sur six implantations, incluses pour l’essentiel dans des "blocs de colonies" qu’Israël a l’intention d’annexer définitivement, quel que soit le futur accord de paix. Elles sont situées, pour la plupart, près de Jérusalem : 161 habitations dans le bloc de Goush Etzion (sud de Bethléem), 84 à Modin Ilit (ouest de Ramallah), 76 à Givat Zeev (nord de Jérusalem), 89 à Maale Adoumin (est de Jérusalem), 25 à Kedar (sud de Maale Adoumin) et 20 à Maskiot (vallée du Jourdain, au nord-est de Naplouse).
A la tête d’une coalition fragile, le premier ministre avait le choix entre deux mauvaises solutions : infliger un camouflet au président américain, Barack Obama, qui n’a cessé de demander un "gel complet" de la colonisation pour relancer le processus de paix ; ou risquer une révolte au sein de son parti, le Likoud. Il a opté pour la première solution.
Ce faisant, il pourrait bien avoir mécontenté tout le monde : l’administration américaine et les Européens, l’aile droite du Likoud (et plus généralement le "parti des colons"), enfin les Palestiniens et les pays arabes. La stratégie de M. Nétanyahou vise à adoucir la potion amère que représenterait la suspension de la colonisation, par un coup d’accélérateur en faveur de nouvelles constructions. En quelque sorte, la carotte avant le bâton.
La seconde étape devrait se dérouler à partir de samedi 12 septembre, date à laquelle George Mitchell, l’émissaire américain pour le Proche-Orient, sera de retour à Jérusalem pour négocier les conditions d’une suspension de la colonisation, comprise entre six et neuf mois. Le premier ministre a préparé l’opinion israélienne à cette échéance : officiellement, il n’est pas question de "gel", mais de "ralentissement", voire de "pause stratégique".
Mais personne n’est dupe : Yescha, le conseil qui représente les colons, a dénoncé un "vaste écran de fumée" destiné selon lui à cacher une capitulation face aux Etats-Unis. Au sein du gouvernement, la fronde des opposants au gel de la colonisation est limitée, mais l’aile droite du Likoud exige que toute décision relative à un moratoire soit soumise au vote des instances dirigeantes du parti.
Réunion "inutile"
Du côté palestinien, les réactions laissent mal augurer d’une reprise de négociations, et de la tenue d’une éventuelle rencontre entre Barack Obama, Benyamin Nétanyahou et Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne. Ce dernier a estimé qu’une telle réunion était "inutile" en cas d’accélération de la colonisation, et Saëb Erakat, principal négociateur palestinien, a souligné que la décision du gouvernement israélien "annule tout gel ultérieur éventuel de la colonisation, et affaiblit davantage la confiance dans le processus de paix".
D’autant que le "bâton" agité par M. Nétanyahou n’est pas très dissuasif : si gel il y a, il ne concernera pas les 455 logements annoncés, ni les 2 500 logements en Cisjordanie dont la construction a déjà été approuvée, et pas davantage Jérusalem-Est, dont les Palestiniens veulent faire la capitale d’un futur Etat. Le principe de la suspension de la colonisation est d’autant moins acquis que le gouvernement israélien a indiqué que son acceptation dépendrait des "gestes" de normalisation diplomatique des Etats arabes envers Israël, lesquels ne font pas montre d’empressement.
La visite de George Mitchell devrait montrer si les protestations américaines font partie de la négociation, ou si Washington a mal anticipé la puissance du lobby des colons en Israël. Car approuver la construction de nouveaux logements avant un gel, a souligné Tzipi Livni, chef de file du parti Kadima et de l’opposition, revient à "construire un igloo en plein été".