Middle East Watch
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© George – décembre 2024
Le Monde et AFP
mercredi 20 شوال 1431
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Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a adopté, mercredi 29 septembre, une résolution approuvant le rapport de la mission d’enquête sur l’abordage, fin mai, par la marine israélienne d’une flottille pour Gaza et selon lequel des "preuves" existent pour "appuyer des poursuites" contre Israël.
La résolution, déposée par le Pakistan au nom de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), a été adoptée par trente votes favorables, un vote contraire (des Etats-unis) et quinze abstentions. Dans sa résolution, l’OCI dit "regretter profondément la non-coopération d’Israël à l’enquête", tout en demandant au Conseil des droits de l’homme "d’approuver les conclusions du rapport" et de "recommander à l’Assemblée générale de prendre en compte le rapport".
"NIVEAUX DE VIOLENCE TOTALEMENT INUTILES ET INCROYABLES"
Dans leur rapport, les experts désignés par l’ONU concluent que des "preuves" existent pour "appuyer des poursuites" contre Israël pour "homicide intentionnel, torture ou traitements inhumains, le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou des blessures graves".
Ils estiment qu’Israël a agi de façon "non seulement disproportionnée dans les circonstances", mais a recouru à "des niveaux de violence totalement inutiles et incroyables". "Les auteurs des crimes les plus graves étant masqués ils ne peuvent pas être identifiés sans l’assistance des autorités israéliennes", soulignent-ils, demandant au gouvernement israélien de coopérer pour permettre leur "identification en vue de poursuivre les coupables". Pour faire le rapport, les experts ont entendu des témoignages en Turquie et en Jordanie, ainsi qu’à Genève et à Londres.
Le 31 mai 2010 à l’aube, des commandos israéliens avaient arraisonné la flottille pro-palestinienne de six navires qui se dirigeait vers Gaza dans l’intention de briser le blocus maritime imposé par Israël. Des affrontements entre militants et soldats israéliens s’étaient ensuivis sur le Mavi Marmara, au cours desquels neuf Turcs avaient été tués, ce qui avait soulevé une vague de réprobation internationale.
WASHINGTON "PRÉOCCUPÉ PAR LE TON DU RAPPORT"
Le gouvernement israélien, qui a pris note du rapport, a refusé de coopérer avec les enquêteurs, affirmant que sa marine avait agi en état de légitime défense, ce que contestent les experts. Par ailleurs, le ministère des affaires étrangères israélien affirme que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU est un organisme "biaisé, politisé et extrémiste".
L’intransigeance des autorités israélienne face à l’enquête du Conseil des droits de l’homme était soutenue par les Etats-Unis. Eileen Donahoe, ambassadrice américaine à l’ONU, s’est dite "préoccupée par le ton, les propos qui sont tenus et les conclusions du rapport". Washington demandait que le "rapport ne soit pas utilisé pour mener des actions qui pourraient perturber les pourparlers en cours". Au contraire, l’Union européenne voulait que le Conseil des droits de l’homme "transmette le rapport au panel" établi par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, à New York. L’ambassadeur belge Alex Van Meeuwen, s’exprimant au nom de l’UE, a finalement recommandé l’"abstention".
La résolution adoptée mercredi ne précise toutefois pas de quelle façon des poursuites judiciaires pourraient être engagées contre Israël. Un des trois experts chargés du rapport s’est contenté d’indiquer que la Cour pénale internationale (CPI) pouvait se saisir du dossier étant donné que le navire "Mavi Marmara, sur lequel la majorité des violences se sont déroulées, battait pavillon des Comores, qui sont membres de la CPI".