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Le Monde
jeudi 17 صفر 1430, par
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A regarder de près la composition de la nouvelle Knesset (Parlement), il est manifeste qu’à droite une écrasante majorité de députés sont hostiles à la solution de deux Etats vivant côte à côte : Israël et la Palestine. Or il sera difficile pour le prochain premier ministre, quel qu’il soit, de faire l’économie de ces voix pour pouvoir constituer un gouvernement.
Dans ces conditions, les perspectives de relance du processus de paix apparaissent très limitées, en dépit des appels venus de l’étranger, que ce soit des Etats-Unis, de l’Union européenne (UE) ou de la France, dont le président, Nicolas Sarkozy, souhaite que "les nouvelles autorités israéliennes aient l’obsession de la paix".
Quels que soient les cas de figure, les possibilités de renouer rapidement un dialogue efficace avec les Palestiniens pour aboutir à une solution satisfaisante sont en effet très minces dans le cas de Tzipi Livni et inexistantes dans celui de Benyamin Nétanyahou.
L’actuelle ministre des affaires étrangères et chef de file de Kadima a été chargée, pendant quinze mois, des négociations avec les Palestiniens sans parvenir à un résultat. Le fossé séparant les deux camps est toujours aussi large.
Mme Livni aurait catégoriquement refusé d’aborder, au cours de ces discussions, deux points essentiels pour les Palestiniens : le statut de Jérusalem et l’épineuse question du droit au retour des réfugiés. Elle n’est pas non plus parvenue à faire stopper le processus de colonisation en Cisjordanie, qui s’est au contraire accéléré, ni à démanteler des colonies sauvages.
Tzipi Livni s’est, certes, toujours prononcée en faveur de la solution de deux Etats afin de préserver le caractère juif de l’Etat d’Israël, mais son gouvernement s’est toujours refusé à payer le prix pour y aboutir.
"COALITION DE LA PAIX" IMPROBABLE
Après le scrutin du mardi 10 février, elle a répété, mercredi, qu’elle "pouvait mettre sur pied une coalition unie autour du processus de paix", précisant que "Nétanyahou n’en veut pas et [qu’il] ne peut y parvenir avec ses partenaires de droite".
La mise sur pied d’une "coalition de la paix" apparaît cependant improbable car, pour constituer une telle majorité, il faut nécessairement qu’elle soit composée de Israël Beitenou ("Israël, notre maison"), la formation d’Avigdor Lieberman et des religieux séfarades du Shass.
L’ultranationaliste Lieberman n’est pas foncièrement hostile à la création d’un Etat palestinien, même s’il réside dans une colonie. Le Shass, pour sa part, s’est toujours montré très réticent envers le processus de paix et intransigeant sur la question de Jérusalem considérée comme "la capitale éternelle et indivisible" d’Israël.
Quant à M. Nétanyahou, il a toujours considéré que Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, n’était pas un véritable partenaire. Il est lui aussi hostile au partage de Jérusalem, au démantèlement forcé des colonies sauvages, en faveur de la "croissance naturelle" des implantations existantes. Il refuse de céder le contrôle de la vallée du Jourdain et de rendre le plateau du Golan à la Syrie.
Il souhaite seulement "une paix économique" avec les Palestiniens, estimant que les négociations sur la création d’un Etat doivent venir après l’amélioration des conditions de vie. Un changement de cap sera d’autant plus difficile pour le leader du Likoud que les primaires de son parti avaient été favorables en 2008 à des personnalités extrêmement radicales comme Benny Begin, le fils de Menahem Begin ou encore l’ancien chef d’état-major, Moshé Yaalon.
Une coalition dirigée par M. Nétanyahou – à moins d’obtenir le soutien des travaillistes et de Kadima – devra intégrer les partis nationalistes religieux et ultra-orthodoxes. Le chef du Likoud aurait déjà promis de donner au Shass le ministère de l’habitat et de la construction, ce qui signifie que les colons auront pratiquement carte blanche. Il faudra donc beaucoup de persuasion, de détermination et de pression de la communauté internationale pour qu’un processus de paix redémarre.