Middle East Watch
La revue de presse alternative pour un Moyen Orient libre
© George – décembre 2024
Le Monde - AFP
mercredi 8 رمضان 1431
Toutes les versions de cet article :
De nouvelles photos de soldats israéliens posant aux côtés de prisonniers palestiniens ont été diffusées, mercredi 18 août, notamment par des médias israéliens, montrant que la diffusion lundi d’une première série d’images de ce type ne relevait pas d’un cas isolé.
"C’est devenu la norme pour des soldats de prendre ce genre de clichés, qui traduisent des situations vécues au quotidien par eux et par des Palestiniens", a déclaré Yéhouda Shaül, représentant l’ONG Brisons le silence, à l’origine de la diffusion de ces nouvelles images. Cette ONG anti-occupation recueille depuis plusieurs années les témoignages de soldats ayant servi dans les territoires palestiniens.
Sur ces nouvelles photos diffusés sur Facebook, on peut voir des soldats entourant une jeune prisonnière à genoux, ou encore un soldat couché à côté d’un prisonnier assis les mains dans le dos ou encore un militaire posant à côté d’un Palestinien blessé emmené en ambulance. Les photos montrent le plus souvent les détenus dans une situation humiliante, sans pour autant témoigner de sévices.
INCOMPRÉHENSION
"Le plus étonnant, c’est qu’en Israël même ces photos aient pu choquer alors qu’il y a des choses bien pires qui se passent" lors des arrestations et des interrogatoires, a souligné M. Shaül.
Des photos d’une ex-soldate israélienne posant souriante aux côtés de prisonniers palestiniens pour illustrer son service militaire, décrit comme "la plus belle période" de sa vie, avaient provoqué mardi l’embarras de l’armée israélienne et l’indignation des Palestiniens. L’ex-soldate Eden Abargil a confié pour sa part ne pas comprendre l’émoi suscité, estimant n’avoir "porté atteinte à personne".
Elle a rapporté qu’à la suite de la publication elle avait reçu une avalanche de lettres de menaces et d’injures sur Facebook, mais aussi de soutien. Pour le quotidien Haaretz, le plus grave tient justement à cette incompréhension.
PARALLÈLE AVEC ABOU GHRAÏB
"Cela traduit toute une manière d’être qui prend ses racines dans des années d’une occupation qui en vient à considérer les prisonniers palestiniens comme des sous-hommes", écrit le journal de gauche, le seul à consacrer un éditorial à cette affaire. Il rappelle des vexations courantes dont se rendent coupables selon lui des militaires et pour lesquelles ils ont été parfois poursuivis, "comme les forcer à entonner des chants militaires ou de photographier les détenus comme des trophées de chasse".
Le quotidien dresse un parallèle avec la publication en 2004 de photos montrant des militaires américains humiliant de façon beaucoup plus grave des détenus irakiens dans la prison irakienne d’Abou Ghraïb. L’armée israélienne a dénoncé "le comportement honteux de la soldate", précisant qu’elle avait achevé son service militaire il y a un an.