Middle East Watch
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Le Monde
mardi 13 صفر 1432, par
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Une résolution condamnant la colonisation israélienne devrait être formellement déposée, mardi 18 janvier, par le Liban – au nom des pays arabes –, au Conseil de sécurité de l’ONU. Le texte, parrainé notamment par le groupe des non-alignés et l’Organisation de la conférence islamique, circule depuis le 21 décembre au sein de cet aréopage et pourrait être voté dans les prochains jours.
Les Palestiniens, qui ont un statut d’observateurs aux Nations unies, espéraient dans un premier temps profiter du débat mensuel des 15 pays-membres sur le Proche-Orient, prévu mercredi 19 janvier, pour soumettre la résolution au vote. Mais devant la menace de veto américain, ils se sont ravisés et ont décidé de poursuivre leurs efforts de lobbying pour tenter de convaincre les Etats-Unis du bien-fondé de leur initiative.
Aux yeux du groupe des pays arabes, un veto serait contre-productif et "tuerait la résolution", explique l’ambassadeur libanais auprès de l’ONU, Nawaf Salam, qui se dit "confiant" et rappelle qu’"aucun projet de résolution, dans les annales du Conseil de sécurité, n’a jamais été présenté avec un aussi grand nombre de sponsors", soit plus de cent Etats-membres.
Arguant, à l’instar d’Israël, que seules les négociations directes peuvent aboutir à un résultat, les Etats-Unis refusent de voir les Nations unies s’impliquer dans ce dossier et sont les seuls membres du Conseil à s’opposer à cette résolution, dont le contenu "ne fait pourtant que réaffirmer ce que l’administration Obama répète depuis deux ans", souligne le représentant de la Palestine, Riyad Mansour. Le texte ordonne l’arrêt de l’implantation des colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est, jugées "illégales" et "constituant un obstacle majeur à la réalisation d’une paix juste, durable et globale".
LES AMÉRICAINS DANS L’EMBARRAS
Quant aux éléments de langage utilisés, les observateurs sont unanimes : reprenant des fragments ou paragraphes d’anciennes résolutions onusiennes et de communiqués du Quartet pour le Proche-Orient – dont font partie les Etats-Unis avec la Russie, l’UE et l’ONU –, cette résolution plonge les Américains dans l’embarras. Si les Palestiniens assurent avoir le soutien des 14 autres pays-membres du Conseil, ils n’entendent pas aller à la "confrontation" avec les Etats-Unis. "L’administration Obama n’a cessé de mettre en avant une politique d’engagement, nous leur proposons d’engager le dialogue sur la base de ce texte", souligne Nawaf Salam, avant de préciser : " Nous sommes prêts à y apporter toute modification ".
Cette invitation à modifier ou amender le texte est jusqu’ici restée sans réponse, Washington refusant le principe même d’une résolution. Les Etats-Unis ont traditionnellement opposé leur veto à toutes les résolutions condamnant Israël ou appelant à l’arrêt de la colonisation, sauf en avril 1980, sous Jimmy Carter, qui avait déclaré en référence aux colonies : "Nous ne pensons pas qu’elles soient légales."
De son côté Barack Obama a eu beau, dès le début de son mandat, appeler l’Etat juif à stopper la construction des colonies – les qualifiant d’"obstacles à la paix" –, à aucun moment son administration ne les a jugées "illégales".
"MASSIF SOUTIEN INTERNATIONAL"
Aujourd’hui, face à un Congrès à majorité républicaine, le démocrate pourrait être contraint d’utiliser le premier veto de sa présidence contre un texte disant en substance ce qu’il a martelé ces deux dernières années, fait remarquer le chercheur Robert Blecher, de l’International Crisis Group à New York. "Si l’administration Obama oppose son veto, estime ce spécialiste du conflit israélo-palestinien, elle se mettra à dos beaucoup d’alliés dans le monde arabe, si elle vote la résolution, elle déclenche les hostilités au Congrès."
Les Palestiniens, qui espèrent un vote sur cette résolution pour faire monter la pression sur le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, disent garder bon espoir. "Notre objectif n’est pas d’embarrasser Barack Obama, mais de profiter du massif soutien international dont nous bénéficions aujourd’hui pour amener Israël à agir", insiste l’ambassadeur palestinien, Riyad Mansour.
Le jour même où les représentants des pays arabes à l’ONU décidaient de passer à l’acte, le secrétaire général des Nations unies appelait au "gel des activités de colonisation partout dans les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est", après l’annonce par l’Etat juif d’un nouveau projet de construction massive dans la partie sud-est de la ville portant sur 1 400 logements.