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Israël, Palestine - Vérités sur un conflit

Hachette

dimanche 28 صفر 1428, par Alain Gresh

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Naissance d’Israël, naufrage de la Palestine


La conquête de la terre comme le "refoulement" des autochtones confirment la dimension coloniale du mouvement sioniste. L’un de ses cadres reconnaît dès les années 1910 : "La question arabe s’est révélée dans toute son acuité dès le premier achat de terres, lorsque je dus expulser pour la première fois des habitants arabes pour y installer à la place nos frères. Longtemps après continua de résonner à mes oreilles la triste complainte des bédouins rassemblés cette nuit-là autour de la tente des pourparlers, avant qu’ils ne quittent le village de Shamsin [...]. J’avais le coeur serré et je compris alors à quel point le bédouin était attaché à sa terre." Mètre carré après mètre carré, les colons juifs s’emparent des terres, repoussant les Arabes.
Aucun compromis n’est possible, Ben Gourion en a bien conscience : "Tout le monde considère les relations entre juifs et Arabes comme problématiques. Mails il ne voient pas tous que cette question est insoluble. Il n’y a pas de solution ! Un gouffre sépare les deux communautés. [...] Nous voulons que la Palestine soit notre nation. Les Arabes veulent exactement la même chose." [...]

Cet objectif nécessite d’attirer les centaines de milliers de "personnes déplacées" juives, survivantes des camps européens, dont le désarroi et la détresse sont insondables. Où peuvent-elles aller ? [...] entre la fin de la guerre et le 15 mai 1948, 70000 clandestins débarquent. Mais la médiatisation de l’arraisonnement par des navires britanniques de ces bateaux chargés de rescapés des camps sert formidablement la cause de Ben Gourion. Le 27 septembre 1945, les dirigeants sionistes dénoncent le blocus de la Palestine, qui équivaut à "un arrêt de mort pour ces juifs libérés qui se morfondent dans les camps d’internement en Allemagne". Les opinions occidentales s’émeuvent. En revanche, pour les Arabes, ces manoeuvres relèvent de la propagande : ils sont prêts à accueillir des réfugiés, non des colons, nuance. [...]

Le 18 février 1947, le gouvernement [anglais] annonce sa décision de porter la question de Palestine devant les nations unies : "Nous sommes incapables de, reconnaît le ministre des Affaires étrangères Ernest Bevin, d’accepter les propositions mises en avant par les Arabes ou par les juifs, ou d’imposer une solution à tous." D’autant que la Grande-Bretagne ne veut pas s’aliéner les sympathies des Etats-Unis, favorables aux aspirations sionistes, alors que se profile la guerre froide avec l’Union soviétique.
Les Etats-Unis, s’ils ont tendance à laisser à Londres la responsabilité concrète de la gestion du conflit, subissent les pressions de ombre de juifs américains, notamment sur la question de l’immigration. En août 1945, le nouveau résident Harry Truman, qui vient de succéder à Franklin D. Roosevelt, se déclare partisan de l’octroi de 100000visas supplémentaires pour les juifs en Palestine. Bien implantées, les organisations sionistes mobilisent l’opinion. Lorsqu’une commission anglo-américaine se rend en 1946 dans les camps de personnes déplacées, les représentants de l’Agence juive s’organisent pour qu’elle ne rencontre que des juifs favorables à l’émigration en Palestine. Néanmoins, un conseiller du gouvernement américain affirme à l’époque que, si on leur laissait le chox, la moitié des survivants juifs préféreraient les Etats-Unis à la Palestine.

C’est dans ce contexte que les Nations unies créent une commission, une de plus-la dix-septième depuis 1917 à se pencher sur le sort de la Palestine. L’United Nations Special Committee on Palestine (Unscop) réunit les représentants de onze pays. [...]

Trois éléments vont emporter l’avis de la majorité des membres de l’Unscop et les amener à soutenir le partage de la Palestine et la création d’un Etat juif : la tragédie des "clandestins" ; la réussite de la colonisation ; la visite des camps de la mort. [...]

L’Unscop remet donc ses conclusions ; elles sont sans surprise. Si l’accord est unanime pour mettre fin au mandat britannique sur la Palestine, la commission est divisée quant aux autres recommandations : la majorité préconise de partager la Palestine en deux Etats, l’un juif, l’autre arabe, avec une union économique entre les deux, la région de Jérusalem et des Lieux saints passant sous tutelle internationale. Une minorité préconise un Etat fédéral indépendant avec deux entités, l’une arabe, l’autre juive. Finalement, le plan est soumis à l’Assemblée générale des Nations unies le 29 novembre 1947 : l’Etat juif devrait occuper 55% de la Palestine avec 500000 juifs et 400000 Arabes ; l’Etat arabe, avec 700000 Arabes et quelques milliers de juifs, le reste ; la zone de Jérusalem comptera 200000 personnes, pour une moitié juifs, pour une moitié arabes.

Pour "passer", ce texte doit recueillir les deux tiers de voix de l’Assemblée générale des Nations unies. Jusqu’à la dernière minute le résultat est incertain. Les Etats-unis multiplient les pressions sur les Etats hésitants. La Grèce se voit menacée d’être privée de l’aide américaine en cas de rejet, au moment même où le gouvernement affronte une insurrection communiste, mais Athènes votera quand même contre. Au Liberia Washington laisse entendre qu’il pourrait subir un embargo sur le caoutchouc ; Freetown capitule. La France elle-même, qui s’est abstenue lors des votes préliminaires, fait l’objet de "conseils" de l’ami américain et se rallie au plan de la majorité. Finalement, l’Assemblée générale des Nations unies "recommande" le partage par 33 voix contre 13 et 10 abstentions.[...]

Quel qu’eût été le vote des Nations unies, l’Etat d’Israël aurait été créé. [...] Pourtant la décision de l’ONU est importante car elle donne une légitimité au projet sioniste.


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