Que répondez-vous à ceux qui, entendant votre critique d’Israël et de son recours à une force excessive, vous demandent : et la Syrie ? Pourquoi ne parlez-vous pas de la Libye ou de l’Irak ? La situation n’y est-elle pas infiniment pire ?
Bien sûr. J’ai parlé du Pakistan à l’instant. Ces pays sont bien pires. J’en conviens. Je ne critique pas vraiment. Je me contente de citer Human Rights Watch et Amnesty International. Ces commentaires sont très prudents. Je m’en tiendrais à leur point de (…)
Cet extrait est issu du texte de la conférence donnée le 7 février 2005 dans le cadre du Séminaire de philosophie du droit organsé par l’IHJE, l’ENM et la revue Esprit.
Naissance d’Israël, naufrage de la Palestine
La conquête de la terre comme le "refoulement" des autochtones confirment la dimension coloniale du mouvement sioniste. L’un de ses cadres reconnaît dès les années 1910 : "La question arabe s’est révélée dans toute son acuité dès le premier achat de terres, lorsque je dus expulser pour la première fois des habitants arabes pour y installer à la place nos frères. Longtemps après continua de résonner à mes oreilles la triste complainte des (…)
"Dieu est du côté du persécuté..."
" Est-ce ratiociner que de se demander d’où venaient ces enfants, qui les avait mis en première ligne, dans le cadre de quelle lugubre stratégie du martyre ? [...] Est-ce faillir, oui, que de suggérer que la brutalité insensée de l’armée sud-africaine, cette débauche et cette disproportion des moyens employés étaient une réponse à ce qu’il faut appeler une déclaration de guerre des Noirs ? " Ces mots, s’ils avaient été écrits au lendemain des émeutes de (…)
Les mots qui se pensent Ha-Galut : l’"exil"
L’utilisation courante du terme " exil " ne représente pas seulement une pratique discursive anachronique, mais aussi un obstacle à la compréhension des conditions d’existence du peuple yiddish en Europe orientale ainsi que des modes de pérennisation d’autres communautés juives. Cela hypothèque également toute tentative sérieuse pour décrypter les processus de sécularisation, de modernisation et de politisation, et en fin de compte pour analyser (…)
Le post-sionisme
Le passé juif entre histoire religieuse et construction nationale
Le Bilan national, de Boaz Evron, paru en 1988, a été le seul essai des années quatre-vingt écrit et publié en hébreu . Les critiques n’en sont pas moins demeurées rares et le silence qui a entouré sa sortie est révélateur du mode de fonctionnement du monde universitaire israélien. Non pas historien mais intellectuel indépendant, déjà auteur d’un essai de philosophie, Boaz Evron fait montre d’un esprit (…)
Dans les territoires occupés, le principe de proportionnalité a été totalement abandonné, et ceci bien avant le début de la seconde Intifada. Deux exemples : depuis 1995, régulièrement, les habitants de l’agglomération de Bethléem (90000 personnes environ) ne peuvent plus utiliser la rue principale, ceci pour garantir la sécurité de quelques dizaines de juifs pratiquants qui viennent parfois prier dans le tombeau de Rachel, situé en plein Bethléem. A Hébron, la sécurité de 150 colons (…)
On sait que Theodor Herzl conçut le projet d’un état juif à Paris au moment où il suivait, pour son journal viennois, les débuts de l’affaire Dreyfus, dans laquelle il vit la preuve de l’échec de l’assimilation. On aurait donc pu s’attendre à ce que l’idée sioniste, une fois formulée, suscitât quelque écho en France, d’autant que Herzl y avait gardé de nombreuses relations personnelles. Or il n’en fut rien. Certes, le projet sioniste y fut connu assez vite : L’état juif, paru en 1896, fut (…)
Le poids de la géopolitique
Les explications les plus répandues de la politique syrienne au Liban ressortissent, non sans raison, à l’analyse géopolitique. Cela paraît encore plus évident s’agissant du geste fondateur de cette politique, à savoir l ’entrée officielle de l’armée syrienne sur le territoire libanais en juin 1976. Même s’il faut signaler, pour sa valeur euristique, l’explication ’’domestique’’ proposée par Fred Lawson , le facteur géopolitique fut sans conteste déterminant (…)